Une volonté louable mais un acte irresponsable

J’ai pris acte de l’annonce par le gouvernement ce jeudi 17 mars d’une revalorisation de 1,2% du point d’indice des fonctionnaires. Celui-ci n’avait pas évolué depuis 2010 afin de limiter le poids du salaire des 5,5 millions d’agents publics dans le budget de l’Etat. Pour autant, même si cette revalorisation était attendue par les syndicats de fonctionnaires, cette décision m’apparaît particulièrement déplacée au regard du contexte national.

L’Etat français a-t-il gagné à l’Euromillions dernièrement ? Ou touché un héritage inattendu d’une vieille tante milliardaire qui lui aura miraculeusement permis d’éponger la dette du pays ?

La triste réalité est que depuis 2010, date du gel des salaires des agents de la fonction publique, la situation financière de la France n’a fait qu’empirer : la dette publique du pays est ainsi passée de 1.632,5 milliards d’euros en 2010 (81,7% du PIB) à 2.103,2 milliards d’euros fin 2015 (96,9% du PIB) ; le nombre de demandeurs d’emploi est passé de 2,73 millions en janvier 2010 (9,4%) à 2,98 millions fin 2015 (10,1%)… La liste est longue des indicateurs plaçant la France dans le rouge !

Comment dans ces conditions faire accepter au contribuable une telle décision, représentant pour l’Etat un coût supplémentaire de 2,4 milliards d’euros en année pleine, coût qui sera essentiellement assumé par les collectivités ?

Comment expliquer à celles-ci, qui voient les dotations de l’Etat fondre comme neige au soleil et qui redoublent déjà d’efforts pour maîtriser leurs dépenses, que leurs finances vont à nouveau trinquer ?  Quelles solutions propose l’Etat pour compenser ce surcoût imposé aux collectivités ?

Quelles mesures en direction des salariés du privé et des demandeurs d’emploi ?

Il existe des pistes plus responsables et plus justes qui mériteraient d’être étudiées et permettraient de dégager des marges de manœuvre sans pour autant grever les comptes publics : le retour de la durée légale du temps de travail à 39 heures hebdomadaires dans le privé comme dans le public, une réforme profonde de l’administration, la révision du statut de la fonction publique.

Le timing de cette annonce, à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle, laisse peu de doute quant à son caractère purement électoraliste. Pour autant, l’approche d’échéances électorales ne doit pas faire perdre à nos dirigeants le sens de la réalité et de la responsabilité !

Les fonctionnaires méritent mieux qu’une annonce opportuniste prise sans concertation. L’avenir de la France mérite mieux que des petits calculs à courte vue.

Publié dans Actualité, Billets d'humeur avec mots clés .

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