Deux jours après, je repense encore à cette superbe finale de Coupe du Monde que nous a offert l’Equipe de France face aux All Blacks. Quelle intensité… Quelle tension… Quelle surprise, surtout, de les voir à ce niveau de jeu après un parcours aussi bosselé et inquiétant. Une finale sortie de nulle part, où les français auront su puiser au fonds d’eux-mêmes l’exemplarité et l’esprit de corps qui, à un point près, auraient pu faire d’eux des champions du Monde.
L’image forte de cette finale restera bien évidemment le V de la Victoire formé par les joueurs français face au haka des néo-zélandais. Un « V », symbole du courage et de la motivation dont était habités les joueurs à l’entame de cette finale… mais aussi symbole plus subtil d’une unité et d’un esprit d’équipe retrouvés.
Car longtemps, au cours de leur parcours atypique, on eut la sensation que cette équipe n’était qu’une association d’individualités sans véritable fonds de jeu commun. La faute à un certain nombre de lacunes collectives que le staff technique n’aura jamais su combler au fil des ans, privilégiant les excès de sentiments humains aux considérations technico-tactiques, pour finir complètement coupé de son groupe … un groupe qui, passé en complète autogestion et sous la pression et les critiques extérieures, aurait alors pu exploser en vol. Mais c’est pourtant l’inverse qui s’est produit, confirmant un adage bien connu en management de groupe : on fédère dans l’adversité. Ce dimanche, j’ai été véritablement impressionné et ému par cette force collective et cette volonté dégagées par les Bleus, de la première note du haka jusqu’au coup de sifflet final.
Malgré tout, cette performance ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, car l’équipe de France avait bel et bien des lacunes, qu’elle a néanmoins réussi à masquer par une énorme cohésion et de grands talents individuels. Mais en sport de haut niveau, l’esprit d’équipe – bien qu’utile – ne fait pas tout. Et c’est sur ce chantier qu’il faut maintenant se pencher afin que le rugby français aborde les prochaines compétitions internationales avec de vraies certitudes, une vraie philosophie, un vrai fonds de jeu.
Le sport est à l’image de la vie, ou même de la politique : on peut privilégier la recherche d’un résultat immédiat, au travers de démarches opportunistes et efficaces, mais qui prennent souvent le risque d’être sans lendemain… ou alors on peut chercher à construire sur le long terme, en prônant la cohérence et la stabilité, en franchissant les paliers petit à petit, et en visant une réussite durable. Ce sont là deux philosophies diamétralement opposées, chacune avec ses avantages et ses inconvénients. Personnellement, c’est dans la seconde que je me reconnais et que, je l’espère, se reconnaîtront la FFR et nos différentes fédérations sportives nationales.
En attendant, félicitons à nouveau notre équipe de France et son staff pour leur parcours héroïque et la fierté qu’ils nous ont inspirée en ce dimanche de finale de Coupe du Monde !
