Rythmes scolaires : le triomphe du cynisme

Dans le Monde du 4 octobre, un édito fort intéressant et pertinent sur le sujet des rythmes scolaires a retenu mon attention. Intéressant parce qu’il éclaire les véritables motivations de leurs principaux détracteurs. Pertinent, parce qu’il replace à son juste niveau le débat sur le bien fondé de cette réforme, qu’à Arras nous avons choisi de mettre en œuvre dès cette rentrée, convaincus qu’elle est une étape supplémentaire sur ce long chemin vers la justice éducative pour laquelle nous sommes engagés au quotidien depuis 1995. Je vous le retranscris ci-dessous.

« Rythmes scolaires : le triomphe du cynisme

Président de l’UMP, Jean-François Copé se veut le chef de l’opposition. Et comme tout chef de l’opposition, il s’emploie à attaquer le gouvernement sur ce qu’il estime être ses points faibles. Il a donc décidé de lancer l’offensive contre la réforme de la semaine de travail à l’école – le passage de quatre jours à quatre jours et demi de classe -, appliquée dès cette rentrée dans une école sur cinq et qui doit être généralisée en septembre 2014.

A six mois des élections municipales, l’angle d’attaque est évidemment habile : tous les maires de France sont concernés, ainsi que des millions de familles et des centaines de milliers d’enseignants. Donc M. Copé cogne et se pose en défenseur des  » parents perturbés « , des  » enfants épuisés « , des  » enseignants humiliés  » et des maires qui, assure-t-il, seront obligés d’augmenter les impôts pour assurer la prise en charge des activités périscolaires que suppose cette réforme.

Bref, il entend fédérer, contre le gouvernement, tous les petits intérêts bousculés, toutes les petites habitudes désorganisées. Et, un mois à peine après la rentrée, sans même laisser au ministère de l’éducation nationale et aux maires le temps de faire les réglages nécessaires et d’aplanir les difficultés de mise en oeuvre, il demande tout bonnement la suspension de cette réforme.

Il ne fait aucun doute que l’écho rencontré par cette campagne justifiera, à ses yeux, de l’avoir lancée. Mais cela ne saurait en rien justifier le cynisme dont il fait preuve. Et le mépris dont cela témoigne pour l’intérêt des élèves et du pays.

L’intérêt des élèves ? Depuis trente ans, tout le monde s’accorde sur le diagnostic. Enseignants, chercheurs, Académie de médecine, parlementaires et ministres successifs (y compris Luc Chatel, encore en 2010, deux ans après la généralisation de la semaine de quatre jours par le gouvernement Fillon) l’ont répété : avec les journées de classe les plus lourdes et l’année scolaire la plus courte de tous les pays comparables, nous avons l’organisation du temps scolaire, particulièrement à l’école, la plus absurde et contre-productive qui soit.

Ces rythmes scolaires ne sont pas seulement mauvais pour les enfants. Ils ont conduit, en quatre décennies, à ce que l’historien de l’éducation Antoine Prost qualifiait en 2008 de  » Munich pédagogique  » : une réduction ahurissante de 20 % du temps global de travail des élèves ! Autant dire un formidable gâchis, que la réforme engagée par Vincent Peillon a précisément pour but de contribuer à corriger. Car on ne fera croire à personne que cela n’a pas d’incidence sur les mauvaises performances de notre système éducatif ni sur le niveau des élèves. Chacun sait, en effet, qu’à l’entrée au collège un élève sur cinq ne sait pas correctement lire, écrire ou compter, et sera ensuite, peu ou prou, condamné à l’échec, en particulier dans les catégories sociales les moins favorisées.

Négliger ces évidences et ces enjeux, au nom de calculs tactiques et électoraux à courte vue, n’est pas digne de quiconque prétend exercer, aujourd’hui, une opposition sérieuse et, demain, les plus hautes responsabilités de l’Etat. »

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