Appel au rassemblement pour l’éducation

Après le rejet par le Conseil Supérieur de l’Education du décret complémentaire sur les rythmes scolaires et alors que plusieurs élus mènent la fronde contre l’application de la réforme, c’est à vous Monsieur le nouveau Ministre de l’Education Nationale, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, élus locaux et responsables politiques, que je m’adresse aujourd’hui en urgence, en ma qualité de Maire d’une ville qui a placé la réussite éducative au cœur de ses priorités et qui a osé s’engager dès la rentrée 2013 dans la réforme des rythmes scolaires voulue par le précédent gouvernement.

Ce choix, nous l’avons fait en conscience. Au-delà des évidentes contraintes financières et organisationnelles, au-delà des classiques considérations politiciennes, nous avons la conviction que la réforme proposée est mue par une noble ambition : replacer l’enfant et sa réussite au centre du réacteur de la République française.

Spécialistes et chronobiologistes se sont toujours accordés sur les bénéfices pour les élèves de la réforme des rythmes scolaires. En permettant un retour à une semaine de quatre jours et demi adaptée au rythme de l’enfant, en offrant la possibilité de matinées de quatre heures plus conformes aux périodes de concentration des écoliers, en favorisant une mixité des temps pédagogiques propice à un apprentissage riche et qualitatif, la nouvelle organisation de l’école se présente comme une réforme de bon sens dirigée dans le bon sens, celui des enfants.

Certes des réalités locales, pour des petites villes et villages, imposent des réflexions et des ajustements afin de faciliter la mise en œuvre de la réforme dans la mesure des moyens à la disposition des collectivités.
Certes la problématique des financements, particulièrement dans le contexte actuel de réduction des dotations de l’Etat aux collectivités locales, doit être prise au sérieux.
Certes l’expertise des équipes enseignantes doit être considérée.
Certes les ressentis des parents et des familles peuvent être entendus.
Pour autant, ils ne doivent pas guider ou influencer de manière primaire les choix nécessaires à l’organisation des temps éducatifs.

Quand j’entends ou lis aujourd’hui des responsables politiques exiger l’abrogation, le recul ou l’assouplissement de la réforme des rythmes scolaires – au risque d’en dénaturer totalement l’esprit originel – sous prétexte que les parents d’élèves, les enseignants ou les chefs d’établissement la critiquent, je m’interroge ! Au-delà du fait que la réalité est loin d’être aussi monolithique et caricaturale qu’ils le disent ou même le pensent vraiment, ils semblent surtout avoir perdu de vue la question essentielle portée par ce projet, à savoir l’intérêt des enfants et leur réussite.

Le rôle d’un élu de la République ou d’un tenant du pouvoir gouvernemental, sa responsabilité première, n’est en rien de se faire la seule caisse de résonnance des frustrations ou exigences corporatistes mais bien de mettre son courage et son action au service de l’intérêt général et du progrès de la société.

Encore une fois, les dogmatismes veulent prendre le dessus sur l’intérêt de l’enfant. La réforme des rythmes scolaires est devenue un symbole politique, défendue par les uns pour de mauvais principes, chahutée par les autres pour de mauvaises raisons.

Mais sur quels arguments objectifs peuvent bien s’appuyer ses détracteurs ? La réforme n’a été appliquée à ce jour que dans 4000 communes à peine, l’année scolaire 2013-2014 n’est même pas encore terminée et aucune évaluation de son application n’a été réalisée au niveau national. Laissons-lui l’opportunité de s’installer, de se confronter à l’épreuve du temps, de produire des résultats mesurables, quantifiables, réalistes et honnêtes. Ne perdons pas de vue son objectif originel : la meilleure réussite des élèves.

L’éducation est le terreau dans lequel poussent les enfants d’une nation, leur donnant les moyens de réussir, de se construire, et de se réaliser. Elle est aussi le ciment  qui permet de combler souvent les différences de classes   en offrant à chacun – sans distinction de sexe, ni d’origine sociale – un socle commun de valeurs, de culture et de connaissances. Elle est une chance pour la société, mais aussi pour les hommes et les femmes qui la composent. Nelson Mandela ne disait-il pas que « l’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde ».

Nous, élus et acteurs politiques de tous partis, avons une responsabilité majeure : préparer la France et l’avenir des jeunes générations ; aider notre jeunesse à grandir, réussir, s’épanouir. Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, les futures forces vives qui décideront de l’état de notre société et de la place de la France dans le monde.

Doit-on se satisfaire des près de 20% d’enfants arrivant au collège sans maîtriser parfaitement les savoirs de base ? Doit-on se satisfaire des 17% d’élèves sortants du système scolaire sans diplômes ? Doit-on se satisfaire de la 25ème place de la France au classement Pisa ?

Vous le savez, les français ne croient plus aux discours et actes politiques, désabusés qu’ils sont de voir trop souvent s’effacer la volonté politique derrière les calculs politiciens, l’intérêt général derrière les intérêts particuliers. Notre responsabilité, en cet instant, n’en est que plus grande.

J’appelle donc l’ensemble des responsables politiques français à se dépasser et à se rassembler autour de l’Education, urgence de notre République.

Cessons de nous diviser et de nous disperser dans des effets d’annonces, des débats de principe et des discussions de détails sur l’organisation des rythmes scolaires. Recentrons-nous sur l’essentiel, laissons les étiquettes au vestiaire, remettons l’apprentissage et l’élève au cœur de la réflexion.

Pour justifier une unité nationale aux yeux des français, l’ambition qu’elle porte doit être claire, honnête et ne souffrir aucune discussion. La réussite éducative en est une.

Frédéric LETURQUE
Maire d’Arras

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